La danse porte conseil
Les
acteurs de la danse bien absents de tout débat pour la culture.
Il
y a bien longtemps qu'une attitude est fortement répandue et ancrée
afin d'éviter tout sujet ou analyse « politique »,
« institutionnel » ou « structurel » au sein
de acteurs chorégraphiques. Si ce n'est bien-sûr pour émettre un
communiqué, une lettre ouverte s'offusquant de baisse ou transfert
de budgets dédiés, ou encore du manque ou du peu de reconnaissance
d'une partie spécifique du système... Toujours un petit cri
d'alerte, un coup d'épée dans l'eau, souvent très sectorisés et
peu enclin à interroger réellement le fond du malaise et du
problème, un système à bout de course dans son fonctionnement
étatico-monarchiste, entretenu d'une part par les mieux dotés des
acteurs et d'autre part par celles et ceux qui croient encore qu'ils
auront, eux aussi, leur part du gâteau et peut-être leur ticket VIP
au château ! Je comprends aisément cette stratégie payante
pour certains, mais rares sont les élu.e.s, et malgré tout, cela
reste malheureusement la norme et l'attitude majoritaire des acteurs
chorégraphiques.
Pourtant
des articles interrogent le silence des acteurs de la culture à
propos du mouvement citoyen des Gilets Jaunes et du débat, des
organes et initiatives bien évidemment agissent et existent, la
Coordination
des Intermittents et Précaires, la Coordination
nationale des gilets jaunes art et culture, Et combien d'autres
encore ?
Je
ne minimise pas les travaux de nombreux artistes et équipes qui
mènent et proposent de magnifiques actions, ateliers et créations
auprès et avec les citoyens et qui sont véritablement des liens de
citoyenneté incroyables. Ils sont bien souvent les fusibles envoyés
au front dans la quête « prioritaire » de la
démocratisation culturelle des « éloignés » ou
« empêchés » de la culture, et avec de plus, des
budgets ridicules voir indécents pour réaliser ces actes
d'importance.
Revenir
inévitablement sur ce petit entre-soi silencieux et aphone qui règne
au sein de cet occulte SystèmeD(anse)
depuis 2016 et le manque d'ouverture et de débat (Lettre à Chorégraphes associé.e.s), mais aussi
l'insignifiance voir le pathétique des sujets abordés par
Chorégraphes associé.e.s (en 2019 définir nationalement le
métier de chorégraphe !), le CN D également, sont encore
des exemples et preuves d'un engagement bien distancié.
Mais
comme me l'écrivait un chorégraphe en réponse à mon article
« Pensez-vous ! »
: « …
Si
nous nous étions trompés ? Si cette idée de rassemblement, de
prise de paroles commune, de dire au nom d’une communauté, d’agir,
tous ces efforts faits depuis des années, si tout cela était vain !
Si ce milieu ne souhaitait en définitive ni rassemblement ni parole
commune, ce n’est peut-être pas tant par égoïsme, égocentrisme,
c’est qu’il n’est pas possible de faire masse. En tous les cas,
que nous n’aimons pas unifier nos paroles, elles sont la trace,
chacune, d’une écologie de la personne.
Notre
milieu - chacun sortant et entrant, agitons ces territoires des idées
- mais au fond, la prise de parole, n’est ni fréquente, si
souhaitée, car elle correspond à une prise de pouvoir sur l’autre,
sur les autres, qui ne nous intéresse peu... »
Il
y a ici en quelques lignes, l'expression forte d'une sorte de
diffraction ou déviation de la réalité
regrettablement répandue au sein du milieu chorégraphique : en
effet ni rassemblement, ni parole
commune soit, mais des regroupements
et des paroles complémentaires, additionnels, c'est cela la réalité
et c'est aussi cela une véritable démocratie ! Quant à la formule
d'une prise de pouvoir sur l'autre,
sur les autres..., elle existe et
écrase belle et bien déjà d'autres paroles, puisque seuls les
organes tutélaires ou patronales ont accès aux discussions et
négociations avec le pouvoir !
Ou
comme l'interroge et le pose Véronique Albert :
« …Sommes
nous en panne, on le dirait ! Faut il organiser un séminaire sur la
fatigue ? Le capitalisme épuise les hommes. La mauvaise fatigue qui
n’est pas la paresse s’exprime partout comme chez les Acteurs
Chorégraphiques. Elle ne vient pas de face, elle vient par derrière,
d’en dessous, elle nous fait plier. Le burn out résulte d’un
excès d’engagement...
Quand
on se donne, on doit obtenir de la gratitude. Cette lassitude qui
s’exprime (ou pas) ressemble à un symptôme. Cette fatigue nous
apprend peut être le courage, l’humilité...
Pourquoi
finir ce qui vient de débuter, creusons le travail poétique et
politique de la danse, continuons à ne pas être respectable,
rappelons nous les fondateurs étaient rebelles.
Nous
ne sommes pas rattachés à une idéologie, pas de regret... »
Rassurons-nous,
d'autres (proches du gouvernement) ont entrepris de proposer :
Tous
ensemble, remettons la culture au cœur du débat citoyen.
Parlons-nous de la
culture !
À
l’initiative du Président de la République, le Gouvernement a
engagé en décembre 2018 un grand débat national portant sur quatre
thématiques. Grande
absente de cette consultation : la culture. Parce
que nous pensons que celle-ci devrait être au cœur du débat
citoyen, Beaux
Arts Magazine,
leader de la presse culturelle en France, et la Fondation
du patrimoine,
qui œuvre depuis 1996 à la sauvegarde et à la valorisation du
patrimoine français, lancent
un grand débat sur la culture. Pour
favoriser le débat, nous avons identifié trois
grands enjeux nationaux :
la culture pour tous, l’éducation artistique et culturelle, et le
patrimoine... granddebatculture.fr
Les
beaux arts, le patrimoine d'une part par leur initiative, et
j'imagine, que les syndiqués du Syndeac ne resteront pas non plus
avares de propositions au grand débat national (JMA
à propos du Syndeac),
et
la danse dans tout cela restera encore une fois de plus la grande
muette !
C'est
pour cela que je vous demande de vous arrêter ! D'ouvrir votre
gueule et sortir votre tête du guidon et de participer à un Vrai Débat et Déballage pour une nouvelle politique Artistique et Culturelle en commençant à renseigner modestement le formulaire d'enquête à ce propos.
Ne
soyons plus comme
des vaches qui regardent passer les trains !
Bien
à vous
Philippe
Madala
19
février 2019
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