K-Ollectif
Après
la publication de l'article « Pensez-vous ! »
sur La tournée des POPOTES, des réponses, doutes, désirs,
contributions et propositions me sont parvenus. Partage
d'extraits et de textes. Je pense qu'un avis ne vaut que peu de chose
s'il n'est pas destiné à être partagé !
Des
doutes :
La défiance,
hésitation, incertitude, incroyance, indécision, indétermination,
méfiance, perplexité, scepticisme
quant à un débat est bien légitime, depuis le temps que nous
tentons de débattre, déballer et proposer pour quel résultat ?
> En
fait je ne sais pas quoi répondre, je suis sans mot…Tout me
questionne et m’isole de plus en plus. C’est peut-être parce-que
je n’y crois plus, au débat ? Qu’est-ce que c’est un débat ?
Un débat sur rien ?
Il
y a des bas et des hauts, aujourd’hui, je suis en bas mais j’aime
bien danser sous la pluie. Alors, je veux bien
encore danser sous la pluie avec vous …
> L’intitulé
« débat » par les temps qui courent et l’espace dans lequel nous
gravitons depuis trop longtemps et d’autant plus depuis l’arrivée
de l’autre et de ces majorettes intelligentes et cul-tivées ne me
paraît pas forcément le terme idéal à partager.
Je
débats, tu débats, on débat tout le monde débat ça occupe, quel
sera les résultats du débat, on ne sait pas. Mets toi devant, à
côté, non plutôt derrière, vas y avance un peu, sur ta droite
écarte un peu à gauche, ne bouge plus...etc
Bref,
pour les avoir plus que côtoyer durant 40 ans, les décideurs,
programmateurs, les politiques, les coordinateurs, la presse, les
serpillières j’en passe et des meilleurs... je m’emballe mais il
ne faut pas croire mais dans tout ça il y a des gens très bien et
avec qui tu as fait des choses incroyables. Mais
quand bien même nous n’allons pas nous excusés d’avoir aimé et
bien fais notre métier...
> Mais
aussi sans doute parce que je ne crois toujours pas au débat avant
et à la place de l'action collective singulière, i.e. celle qui
s'inscrit dans la pratique de tous les jours, dans les structures et
les projets, à la fois dans l'organisation de l'action, dans les
formes de l'expression créative, dans la répartition des tâches,
des budgets et des salaires, dans les relations avec les partenaires
(institutionnels, producteurs, diffuseurs) ou encore les
collaborations engagées avec des collègues et apparentés...
Mais
aussi du désir :
de se retrouver physiquement, en face à face, de visu. Pas simple
puisque géographiquement nous sommes éloignés.
> Oui bien sur que je suis partante pour cette initiative pour ne pas
renoncer à nos espoirs de voir un jour une culture belle,
démocratique, respectueuse, partagée... Merci de nous secouer
vigoureusement.
>
Il me semble qu'il est effectivement nécessaire d'agir et largement
le temps de relever le nez de nos guidons respectifs ! Bien sur le
boulot est... énorme... c'est ce qui nous tétanise sans
doute...mais attendre encore sans rien faire c'est comme voir arriver
un "tsunami" en mettant les mains devant le visage... Nous
tentons toutes et tous de sauver nos initiatives... mais s'il on
regarde ce qui se prépare (pour ne pas dire ce qui est déjà),
c'est peine perdue !...
>
Tu as raison sur le fait qu’il faut collectivement réfléchir,
proposer d’autres modes de fonctionnement ou secouer le cocotier
réactionnaire actuel... Pour
revenir sur nous tous, j’ai personnellement beaucoup de mal à
engager une quelconque réflexion à distance, par mail, parfois avec
de délais de réponse impossible à tenir. J’ai le sentiment qu’il
faut qu’on se voit, physiquement, qu’on se « sente »
le cul en somme, pour pouvoir ensuite être en capacité de réagir
ensemble. Je
sais bien que c’est compliqué...
Mais...
je crois que tout est là et comme tu le dis, si il y a le désir on
devrait pouvoir trouver le moment, même si tout le monde n’est pas
là, on peut aussi fonctionner par petit groupe. Quoiqu’il en soit,
je me tiens prêt.
>
Je souhaite que l'on se retrouve pour discuter et réfléchir aux
enjeux de notre présent mouvant. Comme au début d'AC, les
problématiques auxquelles nous sommes confrontés méritent vraiment
un rassemblement physique entre nous avant que de poursuivre les
pistes autrement. C'est trop vaste, trop complexe pour être approché
par chacun d'entre nous dans son coin... Bref, j'ai besoin de nous
pour
que j'avance
et vice et versailles...
>
Se réunir, échanger, écouter, entendre et ressentir, refaire le
monde, c’est notre histoire et ça jamais rien ni personne ne
pourra le réformer. FAIRE : il le faut, tout le temps et en toute
occasion.
Des
contributions et propositions
:
émouvantes, réalistes et motivantes... Celles de Frédéric Werlé,
Véronique
Albert,
mais aussi des extraits d'autres artistes chorégraphiques :
>
D'habitude on se mobilise parce qu'il se passe quelque chose
d'inacceptable dans la danse (le landerneau chorégrafric). Là, on a
envie de bouger parce que précisément il ne se passe rien du tout
et que cette apathie dévoile la promiscuité entre les artistes de
la danse, investis et subventionnés et les plus détestables
institutions de confiscation et de préservation du pouvoir.
Parce
qu'il semble criant que la crise actuelle Gilets Jaunes VS Urgence
climatique VS Violence policière d'état, appelle justement à plus
de culture, plus de culture accessible à tous, plus de culture pour
tous, plus de TOUS,
La
culture EST une réponse, la culture DOIT répondre, l'ART, en fait,
doit se mettre au travail pour mettre en CULTURE le nouveau qui
s'enfante dans une violence inouïe.
Cette
crise a besoin d'InteLLigence, de coMMunication, de dialogues,
d'échanges, les artistes, les acteurs culturels ne peuvent pas faire
l'autruche.
Qu'est
ce que Nous, (nous artistes danseurs, mouvers, inventeurs, rêveurs,
cigales) pouvons faire, comment prendre la parole ? (...)
> Prendre
un peu de hauteur, poser les questions qui chauffent et proposer une
rencontre réelle, pas informelle, avec un ordre du jour, une liste
d'intervenant pluraliste, en invitant des avis divergents et surtout
à base de textes et de prises de positions claires et argumentées.
Ils
sont
(les silencieux) peut-être
arrivé à la limite de leur générosité dans l'engagement pour un
"K-Ollectif" de la danse, qui n'existe pas en fait, il n'y
a pas de solidarité dans la danse, si ce n'est des amitiés/la
géographie/des luttes ponctuelles (AC) qui rapprochent des groupes.
Parce que derrière nous il y a des individus, indépendants, non
constitués en assemblée, qui regardent de loin et se terrent dans
leur trou des que le prof arrive. Tu remarqueras que les
danseurs/artistes, ne veulent JAMAIS se constituer en une
assemblée/association/syndicat, PARCE QUE DÈS LORS cela les
rendrait RESPONSABLES devant la profession, ils veulent râler,
s'insurger, mais tiennent tellement à leur "liberté"
qu'il veulent pouvoir fuir ou dire "je passe" à tout
instant.
>
De mon côté, avec la compagnie, nous travaillons déjà à tout ça
avec les publics, notamment sur les questions de recherche, en les
impliquant et en les interrogeant sur ça. Et par extension, nous
interrogeons aussi l’institution sur son mutisme, son évitement ou
son conservatisme par les actes posés concrètement. Ça ne suffit
pas, j’en suis conscient.
Mais
j’aimerai savoir qui fait quoi parmi nous tous qui aille dans le
sens de ton discours ? Quelles modalités sont mises en place dans
nos travaux respectifs qui oeuvrent à cette démocratie ou à cette
volonté de changement ? Cet état des lieux interne peut aussi être
révélateur des énergies de chacun ou des belles paroles sans actes
d’autres…
>
Alors je ne peux, à l'instar de ..., que faire écho de quelques
décisions et pratiques expérimentées et développées depuis
longtemps dans notre petite organisation de compagnonnages
artistiques et de création/diffusion chorégraphique. Que je te
laisse utiliser de la façon qui te paraîtra la plus appropriée.
>
Merci à vous … pour vos pensées qui arrivent à point nommer et
donnent à réfléchir, généreusement, pour vos textes qui disent
les bouleversements intimes et politiques que nous vivons. Oui nous
revoir pour échanger et éditer, pour alimenter l'espace critique et
l'érotique du nous... Chacun de nous est une
assemblée générale en particulier. Bien
à nous et à vite.
Voilà,
c’est ce qui émane actuellement de la pensée des nombreux acteurs
chorégraphiques qui contribuent à AC. Vous
savez, comme nous tous que le débat démocratique fait avancer la
réflexion et la pensée commune. La pensée critique sur le sujet
est en crise comme l’est la représentativité des institutions.
Pourtant nous nous devons d'avancer dans l‘idée de la
démocratisation culturelle !
Toutes
les analyses et propositions seront les bienvenues pour enfin
imaginer et proposer de nouvelles politiques culturelles plus
démocratiques et représentatives.
N'avons-nous
pas avantages et bénéfices d'agir en liens (au moins) par respect
des diversités et des axes de chacun.
Il
n’y a pas une seule voix, mais des voix !
C'est
cela une vraie démocratie !
Bien
à vous – Philippe Madala – 15 février 2019
La danse porte conseil - 19 février 2019