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Le temps de rien , l'air (ère) de rien, rien ne change (ou tout a changé), non rien de rien, je ne regrette rien... Tout ou rien , le vide ou le plein... Nous, acteurs du secteur chorégraphique, sommes-nous prédisposés au proverbe latin médiéval : "Il y a un temps pour ne rien dire, il y a un temps pour parler, mais il n'y a pas un temps pour tout dire". Je le crois, par expérience de 20 années de tentative et de sollicitation pour relayer la parole du danseur. Entre mars 1995 et novembre 1996 avec Frédéric Werlé, nous éditions  L'ART-trose l'autre journal de danse, un temps où la toute naissante ACCN nous avez convié à une rencontre "traquenard" en Avignon afin d'entendre Michel Sala nous dire: "Votre journal est un torchon, truffé d'articles en dessous de la ceinture...!". Nous avions, à priori, jeté un tout petit caillou irrévérencieux dans le Lac des Cygnes du discours de la danse !

D'autres initiatives, paroles et réflexions ont également accompagné l'action de politique chorégraphique depuis 20 ans : 

Les citoyennes
Espace commun entre 1997 & 1999, un collectif de chorégraphes et acteurs de la danse, fondé en août 1997, a souhaité réagir à ce qu’il percevait comme une dégradation insupportable des conditions de production et de vie du milieu de la danse contemporaine en France.
Les Signataires du 20 aoûtassociation créée le 20 août 1997, créée par des chorégraphes, des danseurs et des chercheurs. Dans le contexte de l’époque, ils exprimaient le besoin de questionner les dynamiques d’attribution de subventions et les dynamiques de reconnaissance artistique. Ils ont défendu ardemment un point de vue : arrêter de séparer l’expérience et la recherche du « produit fini », du résultat. Une vingtaine de chorégraphes qui a propulsé quelques artistes signataires à la direction de CCN et de postes institutionnels.
La CIP IdF - Coordination des Intermittents et Précaires d'Ile-de-France en 2003 a ouvert la parole et les possibles des acteurs du spectacle vivant et du cinéma, au délà des annexes 8 & 10 et des syndicats du secteur. Elle est l'initiatrice de nombreuses analyses et propositions. 

Les institutionnelles
Les Entretiens de Valois, « Pour une rénovation des politiques publiques du spectacle vivant » se sont clos le 30 janvier 2009 par la présentation d’un rapport synthétisant les propositions des groupes de travail consacrés à l’avenir du spectacle vivant. Lancé en février 2008 par le ministère de la culture, ce cycle de discussions a réuni les professionnels.
Le Conseil de la création artistique a été de février 2009 à avril 2011 une commission française chargée « d'éclairer les choix des pouvoirs publics en vue d'assurer le développement et l'excellence de la création artistique française, de promouvoir sa diffusion la plus large, notamment internationale, et d'arrêter les orientations de nature à permettre leur mise en œuvre »Dominique Hervieu, directrice (à l'époque) du Théâtre national de Chaillot y a représenté la danse.

Les regroupements
Des structures associant certaines composantes et représentativités du secteur : L'ACCN - Association des Centres chorégraphiques Nationaux en 1995, l'A-CDC - Association des Centres de Développement Chorégraphique en 2010, le Syndicat Chorégraphes Associés en janvier 2006, AC PACA - Acteurs Chorégraphiques en région PACA en 2007 (AC PACA PDF / AC PACA PDF Archives), l'ADADA Collectif danse en Basse-Normandie, l'administrateur(rice) pour la danse à la SACD, le SYNAVI, l'UFISC, les syndicats "historiques", le SYNDEAC, le SFA CGT Spectacles.... Plus récemment Les Rencontres de la Sirène à Paris, L'APPEL, D.O.G. Danse Grand Ouest, les Rencontres petits-déjeuners en Normandie...

Sans oublier la multitude de rencontres, séminaires, colloques, réflexions, rapports, articles, publications, actions... analysant, proposant, préconisant une nouvelle politique culturelle chorégraphique (Rencontres professionnelles de la danse au Théâtre de la Cité Internationale avec l’ACCN, le Syndeac, Prodanse, les signataires de la lettre du 20 août, les groupes Espace Commun et Wooloomooloo des 13 et 14 février 1998 / Les danseurs par le Département Etudes et Prospectives en 2003 / Rapport Latarjet en 2004 / Propositions pour la danse en France par SCA en ? / Culture pour tous, pour chacun, partagée en 2011...)
Et alors, résultat des courses, pas grand chose depuis 20 ans, enfin si :
> une précarisation plus grande
> une répartition budgétaire toujours inadaptée (Voir : Waouh ! Un renforcement du soutien à la danse et aux arts du cirque par Audrey Azoulay)
> un silence ou une peur plus grande des acteurs chorégraphiques (de perdre le peu qu'il reste à glaner)
> une dépression latente sur le thème "A quoi bon ?"
> une dépolitisation et démobilisation inquiétantes et résignées
> et toujours une posture de bienséance versaillaise à ne pas franchir, des tonalités et des paroles qu'il n'est pas correct d'utiliser et de nommer.
"Mais comment oses-tu dire cela ?"
victimisation, nombrilisme maladif, centralisation coupant net toute discussion et échange possible, amenant le plus souvent à une exclusion voire un blacklistage.

La danse et ses actions réflexives, ont bien le cul entre deux chaises à quand

Philippe Madala - Mai 2016

Une grosse fatigue s’est abattue sur l’appareil culturel public français, si prometteur à ses débuts, si abondant. Par quelle alchimie un système pensé et financé pour répandre les joies de l’esprit dans toutes les classes de la société s’éloigne-t-il si opiniâtrement de son objectif originel ? A moins qu’il soit devenu récif et que l’histoire, les histoires s’en soient allées ailleurs. Des politiques culturelles accordées aux mondes qui naissent ? Des outils propices à la rencontre des imaginaires plutôt qu’à la célébration nostalgique du vieil art ? Les réseaux remplaçant les podiums ? Le bouleversement est souhaitable. Le naufrage est possible.
(...)
Etablir la conversation
Reste à établir la conversation. Ça ne sera pas facile parce que des enjeux de pouvoir, d’argent, de notoriété contribuent fortement à l’arthrose du système. Parce que tous ceux et tout ce qui contribue à l’empire de l’histoire unique vont se débattre, et de bonne, et de mauvaise foi. Le réseau n’est pas une assemblée parlementaire où on vote à la majorité. Il reconnaît, accorde et respecte les fonctions singulières et non hiérarchisées. Cette mise en conversation n’est pas une responsabilité des pouvoirs publics. Elle doit être réglée et mise en œuvre par la société elle-même, notamment avec la communauté artistique dont c’est une des responsabilités, mais pas elle seule. L’action politique et associative elle aussi est convoquée, non pas l’action représentative des élus, qui y participeront à titre de citoyens, mais par exemple et sans exclusive celle des organisations politiques ou associatives et des militants. Mis en œuvre, un tel projet placerait la question culturelle au cœur de l’action et de la pensée politiques, non dans les mots, mais dans les faits.
REFONDER LES POLITIQUES CULTURELLES PUBLIQUES - 6 JUIN 2016 / JEAN-LOUIS SAGOT-DUVAUROUX

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