Coordination des Intermittents et Précaires
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Communiqué de la Coordination nationale des Intermittent-e-s et Précaires / Mardi 21 Juin 2016 Victoire ! Mais Attention...
"Si ta révolution ne sait pas danser, ne m'invite pas à ta révolution" *
Victoire ! Aujourd'hui, nous pouvons nous réjouir !
Hier, le dogmatisme obtus du MEDEF a causé l’échec des négociations entre les “partenaires sociaux” sur l'assurance chômage. Cet échec du “paritarisme” a contraint le gouvernement, comme la loi le lui permet, à proroger la convention UNEDIC pour l'ensemble des chômeuses et des chômeurs jusqu'à d'hypothétiques nouvelles négociations des “partenaires sociaux”.
Le gouvernement a également été forcé de reconnaître la pertinence de nos propositions concernant les annexes 8 et 10. Il en résulte que l'accord du 28 avril 2016 rentrera en application, par décret, dès la mi-juillet 2016.
Ce dernier point est une triple victoire :
> C'est la preuve qu'il n'y a pas de fatalité et qu'un mouvement social peut, non seulement, résister aux attaques sur les droits sociaux, mais aussi passer à l'offensive en créant de nouveaux droits. Un retour aux 507 heures sur douze mois, cela signifie des milliers de personnes qui ne seront pas exclues de l'assurance chômage. Inutile de préciser ce que cela implique concrètement pour ces personnes et leur famille, car chacun peut imaginer ce que signifie se retrouver sans droits au chômage. Par ailleurs, avec une allocation journalière minimale, personne n'aura une indemnité ridicule à cause d'un congé maternité ou autre.
> C'est une victoire idéologique. L'accord du 28 avril s'est fait sur la validation des propositions de la CIP et du Comité de suivi. C'est aussi la démonstration qu'il est possible de faire valoir l'expertise des premier.e.s concerné.e.s, plutôt que de se soumettre au diktat habituel exercé par le MEDEF sur les négociations, dont les règles lui assurent d'être le seul à pouvoir en imposer les termes. Depuis trop longtemps, en matière de droits sociaux, il n’y a eu que des régressions Pour la première fois, on peut enfin parler de progrès.
> C'est une victoire pour tou.te.s. Une victoire mobilisatrice. La preuve est faite que le combat peut porter ses fruits, en ces moments de lutte sociale généralisée.
Cette victoire n’aurait pas été possible sans tou.te.s celles et ceux qui ont lutté à nos côtés. Nous la partageons avec :
> En premier lieu, celles et ceux qui, depuis 13 ans, se sont engagé.e.s et mobilisé.e.s, qui ont fait grève, et pris des risques qu’ils.elles ont souvent payés au prix fort. Nous pouvons affirmer aujourd’hui que tout cela n’aura pas été vain.
> Toutes les personnes qui sont venues nous aider à construire nos propositions : économistes, sociologues, avocates,...
>Toutes les personnes impliquées dans les différentes commissions : légistes, nouveau modèle, action,...
> Toutes les personnes impliquées dans le Comité de suivi, tou.te.s les requérant.e.s et personnes qui ont porté le recours devant le Conseil d’État, mais aussi la CGT Spectacle et SUD, tou.te.s celles et ceux qui sont venu.e.s aux AG, ont manifesté, ont donné aux caisses de soutien, les publics qui ont manifesté leur solidarité, les théâtres qui nous ont accueillis et soutenus et également les membres des Nuits Debout et autres personnes qui nous ont rejoints.
> Et nous tenons aussi à associer à cette victoire celles et ceux qui vont nous rejoindre dans les jours à venir, pour organiser la suite...
Les victoires sont fragiles…
Certes, l'accord du 28 avril n'est pas une promesse de paradis sur terre (loin de là !), mais c'est un accord qui permet de fonder des annexes 8 et 10 plus justes et plus adaptées qu'elles ne l'ont jamais été.
Mais, nous serons extrêmement vigilant.e.s, quant à la teneur exacte du décret.
Nous avons déjà connu des victoires qui ont été -ou sont en passe d'être- menacées. Ainsi, en 2015, le Conseil d'État avait rendu un avis historique, mettant un terme aux pratiques mafieuses de l’UNEDIC concernant, notamment, la saisie arbitraire des trop-perçus et la non-prise en compte des heures déclarées tardivement. L'article 52 de la loi El-Khomri, avec un cynisme absolu, rend légal ce que le Conseil d'État avait jugé illégal.
C'est à nous toutes et à nous tous de protéger nos victoires. Après la fête, la mobilisation doit rester intacte, et surtout s'amplifier, dans un esprit de conquête pour de nouveaux droits sociaux.
En effet, notre combat est bien loin d'être fini !
Notre victoire ne pourra être pleine et entière, tant que toutes et tous les intermittent.e.s de l'emploi n'auront pas les mêmes droits que les intermittent.e.s du spectacle.
Nous continuerons à dénoncer la mainmise du MEDEF sur le “paritarisme”.
Nous continuerons à dénoncer la gestion de l'UNEDIC.
Parce que nous ne doutons pas que le MEDEF fasse en sorte que les prochaines négociations sur le régime général de l'assurance chômage soient plus régressives pour l'ensemble des chômeur.se.s que jamais,
Parce que la lutte contre la loi "Travaille !" et son monde continue,
Parce que nous n'acceptons pas de subir la répression policière dans un état d'urgence permanent,
Parce que nous refusons la criminalisation des luttes sociales, qui ont toutes les mêmes causes et les mêmes effets : le néo-libéralisme d'état (soutien total à tou.te.s les inculpé.e.s du mouvement social !),
Parce que nous ne sommes pas dupes des politiques menées par les technocrates de l'Union Européenne sous l'influence croissante des multinationales,
Parce que tout est relié,
Parce que nous ne serons plus jamais résigné.e.s, nous restons en première ligne et nous amplifierons la mobilisation tant que cela sera nécessaire.
6 chômeur.se.s sur 10 ne sont pas actuellement indemnisé.e.s : nous nous battrons comme des lion-nes pour que 10 sur 10 le soient, dans la conquête de nouveaux droits !
Ce que nous défendons, nous le défendons pour tou.te.s et avec tou.te.s !
COORDINATIONS des INTERMITTENT-E-S et PRÉCAIRES signataires :
CIP Alsace / CIP Avignon / CIP Bourgogne / CIP Bretagne / CIP Côte-d'Azur / CIP Franche-Comté / CIP Gironde / CIP Languedoc-Roussillon / CIP Limousin / CUIP 45 (Orléans) / CIP Marseille / CIP Picardie / CIPC 72 (Sarthe) / Le Collectif Les Matermittentes / Collectif Unitaire 69 (Lyon) / KIC (Calvados) / Recours Radiation.
*Si ta révolution ne sait pas danser, ne m’invite pas à ta révolution (sous-commandant Marcos)
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