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Politique culturelle de la ville_Festival de Marseille_AC région Sud_interrogations - Juillet 2021

 
Act·eur·rice·s Chorégraphiques Région Sud
2, Montée Puget Bazile
13016 Marseille

à Monsieur l’Adjoint à la culture pour toutes et tous, à la création et au patrimoine culturel
Monsieur Jean-Marc Coppola
Hôtel de Ville – Quai du Port
13002 Marseille

Marseille, le 5 juillet 2021

Courrier adressé en copie à :
Monsieur Benoît Payan, Maire de la ville de Marseille

Cher Monsieur l’adjoint à la culture, cher Monsieur Coppola,

Nous avons pris connaissance de l’appel à candidature pour la nouvelle direction du Festival de Marseille à laquelle est jointe la vision-ambition-défi du festival déterminée par l’actuelle direction de l’association, pour les trois années à venir. Le festival créé en 1996 est marqué de la politique culturelle de Jean-Claude Gaudin. Nous attendons donc à l’occasion du renouvellement de sa direction, vous vous en doutez, l’interrogation des fondements de cette institution culturelle avec l’arrivée du Printemps Marseillais à la tête de la ville qui en est toujours le principal subventionneur par les apports en industrie qu’elle lui octroie notamment (donc le choix d’une implantation sur son territoire).

Pensé par le nouveau conseil d’administration du Festival, arrivé en octobre 2020, il s’agit pour la nouvelle direction du Festival de Marseille de répondre à une mission précise, orientée et détaillée : quantité de productions et résultats de fréquentation, profil des artistes concernés, implantation et partenariats géolocalisés et enfin, bien sûr, répondre à une éthique éco-responsable.

Cela se confirme lorsqu’on y lit : « Ce projet s’inscrit pleinement dans la nouvelle dynamique culturelle de la ville. Une politique d’accessibilité résolument démocratique, un lieu de fabrication, et une forte dynamique estivale font entièrement partie des objectifs. » (extrait de l’appel à candidature)

Comme certain∙e∙s nous nous sommes étonnés que la sélection de la short list sur les 57 candidatures ait été confiée à l’évaluation d’un institut privé. Pouvez-vous nous le confirmer et dans quelle mesure ce choix a été validé par la municipalité ?

De plus, la présidente de l’association du Festival de Marseille, interrogée par la presse sur un processus de sélection opaque renvoie insidieusement à votre responsabilité d’élu à la culture de la ville dans son consentement à ses modalités à huis clos, pour lesquelles vous auriez « été tenu au courant de toutes les étapes du recrutement ». Pouvez-vous nous le confirmer mais surtout, cela signifie-il que la municipalité n’a pas contribué à la table du débat sur la sélection de la short list des candidat∙e∙s,  en argumentant et faisant prévaloir ses enjeux tels que vous avez « participé à la rédaction de l’appel d’offre » ? Pour un outil culturel tel que le Festival de Marseille avec un tel engagement de la municipalité, nous nous étonnerions si vous n’interveniez pas dans des débats qui spécifieraient les besoins liés à notre territoire. Nous serions déçus que la politique municipale entérine une culture officielle normalisée : par votre fonction, avez-vous défendu une nouvelle politique ?

On peut rêver une dynamique de la collectivité publique pour rénover la pensée des arts dans la ville, leur émergence et leur modalité de partage, tout comme les apports extramuros de ressources culturelles. Il nous appartient de redonner confiance dans les outils que proposent les arts : un encouragement au déplacement de l’être, des usages de lieux et du temps, des fonctions vers un espace pragmatique des arts. Le temps de l’acte artistique est critique.

De politique, il est question, celle de la transparence dans un esprit d’expression participative (celle promue par le Printemps Marseillais), donner la voix aux interrogations, rétablir les échanges via l’art et les procédés démocratiques et sociaux qu’il favorise, les conversations : se laisser espérer un certain collectif, un incertain bien être au premier abord, mais qui nous implique directement et nous responsabilise dans la communauté de la cité que l’on rêve.

« Comment nous réinventer en festival de demain, en moteur créatif et généreux de la décennie culturelle à venir? » interroge encore le document vision-ambition-défi du festival. Nous nous demandons où est questionnée la notion même de festival pour une ville qui, vous le savez bien, est inégale dans ses accès à la culture ; mais surtout une conversation qui contribue à nourrir cette discussion et ce cahier des charges. Le caractère événementiel d’un festival suffira-t-il à amener chaque citoyen∙ne à faire appel aux arts multiples pour générer des imaginaires et la créativité nécessaire au vivre ensemble mis à mal dans notre ville paupérisée ?

Notre courrier et les questions qu’il vous pose ont pour but de clarifier les positionnements afin que chacun∙e ne s’adonne pas à fantasmer des faits : user de la rumeur pour favoriser des faits constructifs plutôt.

Dans l’attente de vos réponses,

bien cordialement.

Christophe Le Blay pour les Acteur∙rice∙s Chorégraphiques Région Sud

À partir de nos réflexions individuelles et communes, dans le contexte de la politique culturelle actuelle, notre objectif est de maintenir un pôle de vigilance active et d’être une force de proposition.
Extrait de la CHARTE des Act·eur·rice·s Chorégraphiques Région Sud, 2 sept. 2007.




Les signataires : Anne-Marie Chovelon, Jessy Coste, Christophe Haleb, Géralfine Humeau, Philippe Madala, Antoine Mahaut

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