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KLAP est un CDC développé par un artiste, pas un CCN non plus… Projet que nous avons construit dans la compréhension, dans l’observation, dans la complémentarité de tout ce que l’on sait qu’il se passe ou ne se passe pas à Marseille… Image de la danse qui peut être largement dynamiser… – Maman sur Radio Grenouille - Octobre 2011

Maman en rêvait, Maman l'a fait ! Nous voilà déjà à la 4ème saison de KLAP, Maison pour la danse à Marseille, depuis son inauguration le 21 octobre 2011, ce nouvel établissement tout entier dédié à l'art chorégraphique, propose 4 espaces : 2 studios de travail, 1 hall d'accueil et d'exposition et 1 salle de création et de monstration, imaginés par Maman. Le projet de KLAP, Maison pour la danse à Marseille était attendu et bienvenu par et pour l'ensemble des professionnels de la cité phocéenne et sa région, et avant son ouverture officielle, nous aurions pu croire et imaginer qu'il allait enfin répondre à de nombreux manques et générer de nouvelles coopérations et dynamiques pour les acteurs chorégraphiques. Mais cela c'était sans prendre en compte la vision toute classique et pyramidale de Maman, malgré ses différentes interviews dans la presse écrite et en ligne. Paroles qui semblaient annoncer une maison pour tous et toutes les danses, ouverte sur son environnement proche et plus lointain, la maison pour la danse dont on rêve et dont on espère y expérimenter de nouvelles pistes autant pour les professionnels que pour les publics.

Hélas, il a fallu se résoudre et surtout constater très rapidement que nos rê(v)alisables ne pourront pas être ici mis en oeuvre, et qu'il s'agira de rentrer dans les cases toutes imaginées par Maman : des studios pour répéter, résider ou proposer des ateliers, une salle de spectacle pour finaliser sa création et la faire découvrir au public, solliciter une coproduction et/ou une programmation au sein des 2 ou 3 moments festivaliers de KLAP : Question de danse, Plus de danse et FestiAnges. Mais également cachetonner pour la cie de Maman dans son programme d'éducation artistique nommé EducaDanse.

Sa première activité est de permettre de nombreuses résidences d’artistes, dont les marseillais, suivant des modalités adaptées aux besoins des créateurs. Recherche, reprise, création, finalisation... Les présences d’artistes sont le cœur battant d’un projet de dialogue avec les publics, voisins, enfants de tous âges, amateurs, professionnels, amoureux ou néophytes. Enseignement, débats, expositions, projections et fêtes jalonnent la programmation. Maman - Octobre 2011

Vous allez me dire mais que veut il encore ? Il est jamais content celui là... Et bien non, jamais content, toujours méchant !...

Revenons tout d'abord au début de l'histoire :

- Durant la construction de KLAP, nous avons, au sein d'AC PACA - Acteurs Chorégraphiques en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, proposé une rencontre et réflexions partagées le 1er mars 2011 de 14h30 à 18h30 aux Studios du Cours, aux professionnels sur le thème "KLAP ! Maison pour la Danse à Marseille. Qu’en imaginons nous et/ou qu’en attendons-nous ? Qu’avons nous collectivement à proposer ?" Extrait de la Charte des AC : “Il nous tient à coeur de défendre les notions de porosité des pratiques et des espaces, d’hétérogénéité des projets, d’échanges des savoirs et des responsabilités partagées.”


Une vingtaine d'acteurs ont participé et ont apporté quelques pistes résumées ici :

"Ce serait un espace poreux, dont l’extérieur est à défendre. L’accès y serait simple pour les artistes ayant à y travailler, quels que soient leurs projets singuliers et leur reconnaissance par les pouvoirs publics. Ce serait un endroit convivial, un lieu de métissage de styles, où les nouvelles définitions de la diffusion de la danse trouveraient leurs places. Ce serait un espace pour la créativité, c’est à dire un espace avec assez de vide pour que les rencontres puissent s’y développer ou s’y déclencher en utilisant aussi le hasard. Un espace avec des courants d’air… Ce serait un lieu tellement vivant que n’importe qui pourrait y passer, y boire un verre, discuter et plus si affinité. Ce serait un lieu de transversalité par excellence, publics, artistes, formateurs mais aussi : arts plastiques, image, son, stylisme etc… Ce serait aussi un espace avec la possibilité de se réunir pour discuter, réfléchir, écrire."

"Les propositions de projets à acter : Laboratoire avec des pistes communes de recherche dans une confrontation d’écritures chorégraphiques vers une co-écriture. / Traces filmées, écrites, médiation. / Accueil d’artistes étrangers rencontrés lors des voyages des artistes PACA. / Bureau permanent, outil de réflexion critique. / Participer collégialement, coopérativement à la vie de ce lieu. Revendiquer cette identité auprès des politiques."

"Imaginer une approche « croisée, collégiale, coopérante » avec ce lieu : répétitions, résidences, ateliers, médiations…"

"Permettre aux artistes de disposer d’un lieu de travail, de recherche, d’échange et rencontre entre artistes et avec les publics..."

"Une maison : S’y sentir à l’aise dès le seuil de la porte, un endroit vivant, accueillant, revigorant, où des discussions naissent sans être programmées des mois à l’avance. Des tables, des chaises, des tasses et des verres. Des journaux, des vidéos, des livres. Une hybridation entre le café, le bar endroits éminemment publics et une maison, lieu de la vie singulière de tout un chacun..."

"Dans cette maison pour la danse, la place d’un lieu ressource est à penser. Il s’agirait de constituer un fond documentaire de livres, de vidéos, de traces audios et visuelles, d’écrits. Un tel espace est aussi un possible lieu d’exposition ; de mise en valeur pour des traces de travaux en cours dans le lieu, ou ayant eut lieu ; de parcours thématiques à l’intérieur d’une œuvre, d’un corpus…"

"L’idée est donc aussi d’avancer comme une nécessité qui s’impose dès aujourd’hui à tous types de lieux chorégraphiques, tel le KLAP. L’idée est que nous avons changé de paradigme en matière d’économie et de politique culturelle, et que de ce fait, ils n’ont pas d’autres choix que de participer au remaniement de leur structure et à la mise en œuvre d’un système coopératif."

"Constatant l’isolement de l’ensemble des petites structure chorégraphiques lié à leur éclatement, leur manque de coopération et leur dissémination sporadique sur le territoire… Prévenant les grandes structures (comme le KLAP) de s’enfermer dans une logique hégémonique, celle de la politique du monopole artistique et culturel. Politique qui octroie à quelques rares structures élues les espaces les plus vastes et les enveloppes les plus substantielles (prévenir en avançant que désormais une telle logique ne peut qu’être voué à l’échec, et que l’état « économique » actuel de la société oblige à la coopération. Bref, c’est l’union, et la diversité, qui font la force)."

- L'inauguration de KLAP le 21 octobre 2011 : une soirée toute dédiée exclusivement à l'oeuvre de Maman. Pas moins de 5 pièces ou extraits de ses chorégraphies  très "balletique" et pour le moins autocentrée, offrant un éclairage d’ouverture de cette maison pour la danse à Marseille, très réductrice des diversités et en parfait décallage du projet énoncé.

- La géolocalisation de KLAP à Marseille dans le quartier populaire de Saint-Mauront a immédiatement suscité chez mes collègues, des  désirs d'expérimentations d'actions artistiques chorégraphiques de proximité auprès des citoyens "empêchés". Et comme nous avions au sein de l'association TAC [danses] - Territoires d'Actions et Coopérations [danses], 2 actions "pile poil" dans cette cible, les 2 propositions de médiations de TAC [danses] porosité faites à KLAP dès le 18 juin 2012 : susciter la curiosité de ce qui nous entoure, géographiquent, en proximié : Les bancs / changer l'angle de l'approche : (Re)transmissions.

Nous nous empressons logiquement de les proposer à Maman. Hop là boom, réponse de Maman : "... Je vous remercie de votre attention au développement de KLAP Maison pour la danse animé par ma compagnie suivant mon projet artistique et celui de son inscription tant locale qu'internationale. J'entends y mettre en oeuvre ma vision du dialogue, de l'ouverture et du partage, qu'avec du temps nous saurons accroître. Nous ne sommes pas en mesure de donner suite à votre ambitieux projet, notre compagnie apportant ses propres réponses sur les champs du quartier et sur celui des dialogues..."
- Son budget avoisinerait le million d'euros (source de couloirs) dont 70 à 80% de la ville de Marseille, et pourtant ces axes manquent au programme de cette maison :
Ressources chorégraphiques, promotion et culture des diversités chorégraphiques (hors spectacle)
Rencontres professionnelles, dynamisme et collecte des besoins des acteurs chorégraphiques (politique culturelle)
Médiations de proximité

Ressources chorégraphiques, promotion et culture des diversités chorégraphiques (hors spectacle) : un espace de promotion des cies et dynamiques régionales (documents, rendez-vous, vidéos...) pour l'instant la promotion est avancée avec numeridanse.tv avec 2 collections très auto-centrées numeridanse.tv/fr/collections/43_klap-maison-pour-la-danse/ et numeridanse.tv/fr/collections/42_kelemenis. Mais aussi proposer simplement des rendez-vous réguliers de vidéos-danse pour la culture chorégraphique des professionnels et des curieux...

Rencontres professionnelles, dynamisme et collecte des besoins des acteurs chorégraphiques : des temps de rencontres et d'échanges avec les professionnels sur les mutations, difficultés et coopérations en devenir des acteurs de la région. Ce n'est pas faire comme si, il n'y avait pas à Marseille et cela depuis 2007 le regroupement AC PACA qui oeuvre sur ces sujets.

Mais pour faire et rendre possible cela, il faut être clairement généreux et à l'écoute de ce qui vous entoure, autant du milieu de la danse que de la société. Il faut également être dans l'envie de prendre part à la construction qu'une nouvelle politique pour l'art chorégraphique est possible (moins pyramidale et plus inclinée vers les coopérations et l'économie sociale et solidaire) et surtout arrêter de croire que l'âge d'or des années 80 va revenir.

Concernant les médiations de proximité, j'ai appris qu'une série de cambriolages à répétition s'était produite au KLAP. Il serait facile d'accuser la proximité et la mise en contact de deux réalités sociales, celle d'un quartier populaire de Marseille et l'apparition d'un dispositif culturel comme le KLAP sur ce territoire. J'aimerais mieux connaître la pensée politique et culturelle du KLAP à propos de la notion bien tangible de territoire. Notion transversale au monde de l'art et de notre époque. La réponse choisie par cette maison de renforcer la sécurité par des grilles inviolables et par des caméras de surveillance, n'est pas sans rappeler la pensée sécuritaire et du rappel à l'ordre si prolixe par les temps qui court.
J'aimerais connaître à partir de quels appuis et outils, avez vous imaginé le projet de rencontre, d'échange, de transmission, de médiation, pour construire un sentiment de confiance et de curiosité. Comment envisagez vous la porosité entre un lieu dédié et un quartier ? Entre des pratiques corporelles, des pratiques de danses, et des publics qui n'ont pas forcement accès à ces pratiques. Quels rôles donnez vous à l'émancipation des individus, au vivre bien, à la dynamique commune des groupes humains, comment rêvez vous et actez vous la place des artistes et leur responsabilité dans la société ?

Alors ! Qu'en dis tu ? Qu'en penses-tu ? Maman, la mère, mam’s, mamounette, sa mère ! Cette naïve interpellation réveille tant de sentiments nobles et tant d'irrésistibles sympathies, afin de reconnaître, tout de même, que KLAP n'aurait pas pu voir le jour sans l'opiniatreté de Michel Kelemenis. Cette maison pour la danse à Marseille permet à de nombreuses compagnies et équipes artistiques de travailler avec des outils confortables et offre une production et une diffusion élargies pour l'art chorégraphique depuis 2011.

Philippe Madala le 15 novembre 2015


KLAP Maison pour la danse - 5 avenue Rostand - 13003 Marseille

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