L'ACCN inquiète pour le BNM
L'Association des Centres Chorégraphiques Nationaux s'inquiète suite à l'annonce du non renouvellement d'Emio Greco et Pieter C. Scholten à la direction du Ballet National de Marseille, et s'exprime dans un courrier à Madame la Ministre de la Culture.
L'article de laprovence.com Marseille : fin de partie pour le duo Emio Greco - Pieter C. Scholten du 19 mai 2018 par Olga Bibiloni annonce que Le mandat des directeurs du Ballet National de Marseille ne sera pas renouvelé. Le 23 mai 2018, l'article de sceneweb.fr par Stéphane Capron reprend l'information : Le CCN – Ballet de Marseille va s’orienter vers la jeunesse, sans leurs directeurs Emio Greco et Pieter C. Scholten en publiant également la lettre de l'ACCN à Madame la Ministre de la Culture :
L'Association des Centres Chorégraphiques Nationaux s'interroge, s'inquiète et tente de défendre le Ballet-CCN de Marseille auprès de Madame la Ministre de la Culture, avec des arguments qui soulèvent quelques points d'interrogations et de divergences d'appréciations dans cette défense des CCN-ballets d'auteur ou de répertoire de l'hexagone. Suite
à ces informations, la M.A.C. émet quelques doutes et
questionnements :
Point 1-ACCN Nous voulons tout d’abord vous assurer de l’attention que nous comptons porter à l’accompagnement de la sortie de la direction encore en poste, dans l’esprit des récents textes émanant du Ministère de la Culture, et notamment de la circulaire en date du 15 janvier 2018. (RÉGLEMENTATION En janvier 2018, l’État a diffusé aux directeurs des affaires culturelles et aux préfets une circulaire sur les labels. Elle présente les modalités d’application du dispositif et le conventionnement durable dans les domaines du spectacle vivant et des arts plastiques. Dans le prolongement de la loi LCAP de 2016, le ministère de la Culture poursuit la labellisation du réseau de structures dédiées à la production et à la diffusion du spectacle vivant et des arts plastiques et normalise les cahiers des missions et des charges, ainsi que les planchers et/ou les fourchettes de financement.La circulaire du 15 janvier 2018 précise les niveaux du financement de chaque label et renforce les dispositifs de promotion de la parité, de la diversité et du renouvellement des générations. Elle souligne également la nécessité des actions « hors les murs », des conventions pluriannuelles d’objectif et l’importance de consolider le dispositif d’accompagnement des artistes anciens dirigeants de structures labellisées.)
-M.A.C. Il
nous semble que depuis pas mal d'années déjà, les directrices ou
directeurs chorégraphes quittant ou dont le mandat n'est pas
renouvelé d'un CCN, bénéficient d'une somme "négociée et
assurée" sur les trois prochaines années après CCN. Un
parachute "doré" déjà confortable et exceptionnel par
rapport aux autres compagnies chorégraphiques.
Point 2-ACCN S’il peut sembler étonnant à certains observateurs que le sud-est de la France comporte plusieurs ballets sur son territoire, nous tenons à vous rappeler que ceux-ci sont loin d’être nombreux en France.
-M.A.C. Oui
en effet dans le seul département des Bouches-du-Rhône, il y a deux
ballets-CCN et pas des moindres au niveau masse salariale, de
fait extrêmement budgétivores ! Pourquoi cette exception
territoriale devrait-elle persister ? Peut-être un CCN de trop !
Pourquoi ne pas envisager un CDCN structuré par une coopérative
d'acteurs chorégraphiques plutôt que le Ballet de Marseille ?
Point 3-ACCN Si nous avons conscience que le BNM a pu connaître ces dernières années des périodes difficiles, la confiance que nous portons en l’outil CCN nous assure que, sous la forme qu’il a toujours connu, il a encore de belles heures devant lui. Que ce soit sous la forme d’un ballet d’auteur ou celle d’un ballet de répertoire, il nous semble absolument indispensable que cette structure fondée par Roland Petit et Gaston Defferre en 1972 puisse poursuivre son activité, avec des changements sans doute nécessaires, mais sans impact.
-M.A.C. Trois périodes et directions qui ont donné des résultats et développements discutés et discutables, de 1998 à 2004 avec Marie-Claude Pietragalla, de 2004 à 2013 avec Frédéric Flamand, et depuis septembre 2014 avec le duo Emio Greco et Pieter Scholten. L'assurance affichée que l'outil CCN sous la forme qu'il a toujours connu a encore de belles années devant lui, nous devons et pouvons largement en douter ! Le monde change, se transforme, l'outil CCN n'est pas exclu de cette mutation nécessaire.
Point 4-ACCN Nous ne pourrions entendre que les moyens financiers du BNM soient redistribués auprès d’autres structures défendant l’art chorégraphiques. Nous reconnaissons évidemment les moyens nécessaires à ces autres structures, mais refusons l’affaiblissement des moyens d’un CCN pour venir pallier les manquements de l’Etat et des collectivités territoriales.
-M.A.C. Dans
ce paragraphe, la messe est dite, surtout ne pas envisager une
nouvelle répartition et circulation des flux financiers publics
dédiés aux CCN vers d'autres structures, afin de mieux diversifier
et permacultiver l'art chorégraphique ! Ne pas partager est, de
notre point de vue, en sous texte dans ce paragraphe ACCN !
Point 5-ACCN Nous ne remettons nullement en question la nécessité de repenser le projet d’un CCN pour l’adapter à « une nouvelle réalité territoriale » mais ce qui est aujourd’hui annoncé nous paraît en complète contradiction avec l’essence et l’histoire du BNM.
-M.A.C. Curieux
nous sommes, de connaître l'analyse de l'ACCN sur la "nouvelle
réalité territoriale PACA BdR" chorégraphique. L'essence et
l'histoire du BNM est morte avec la disparition de Roland Petit.
Point 6-ACCN Nous ne cherchons nullement à minimiser les soucis qu’a pu traverser le BNM depuis le départ de Roland Petit. Pour cette raison, nous pensons nécessaire, avant d’envisager quoi que ce soit pour l’avenir de la structure, qu’un temps conséquent soit pris pour résoudre les questions qui se posent de façon résiduelle depuis plusieurs années. Le cas du CCN – Ballet de Lorraine et de la mission accomplie par Françoise Adret en 1999 avant la nomination de Didier Deschamps, nous semble exemplaire des bienfaits qu’un temps de réflexion et de restructuration peuvent apporter dans ce type de situation.
-M.A.C. En
effet il est vrai qu'il faille prendre le temps de la réflexion et
de la restructuration concertée afin d'envisager l'avenir. Mais
l'exemple du CCN Ballet de Lorraine qui a connu ses heures de gloire
et d'intérêt, semble être devenu un CCN-Ballet d'auteur
(ahahah !), dont nous vous laissons découvrir une "œuvre"
récente pour le moins discutable. La pièce DISCOFOOT !
L'ACCN a définitivement du mal à envisager des mutations CCN plus sociales et solidaires, et semble défendre mordicus des ballets chorégraphiques contestables !